Les jeux qui réinventent et réinterprètent l'Histoire

Les jeux qui réinventent et réinterprètent l'Histoire

Les jeux qui réinventent et réinterprètent l'Histoire

17 juin 1775. Le Major John Pitcairn trouve la mort sur le champ de bataille de Bunker Hill. Les livres d’Histoire s’accordent à dire que le vétéran anglais a été mortellement touché par une balle de mousquet lors des combats. Cependant, certains écrits relatent d’une autre version, bien moins connue, des faits. John Pitcairn était un Templier sous les ordres du Grand Maître Haytham Kenway et a été assassiné par l’Assassin Connor Kenway lors de cette même bataille de Bunker Hill.

C’est ainsi que fonctionne une des licences phares d’Ubisoft, j’ai nommé Assassin’s Creed : revisiter l’Histoire et ses éléments bien réels et les réinterpréter au sein d’une fiction. Si j’utilise cette licence comme exemple, c'est parce qu'elle m'est chère et c’est en y faisant référence que j’écris ces lignes.

Cependant, je distinguerai deux types de jeux en rapport avec l’Histoire. D’abord, les jeux qui réinterprètent l’Histoire, qui conserve sa continuité tout en changeant des éléments mineurs comme le fait la licence d’Ubisoft. Ensuite les jeux qui réinventent l’Histoire, en changeant des éléments majeurs de celle-ci, lui donnant une tournure nouvelle comme l’a fait la licence Wolfenstein.

Les jeux qui réinterprètent l’Histoire

Vous l’avez lu en introduction et vous le connaissiez peut-être déjà, la saga Assassin’s Creed est basée sur un postulat simple : deux factions, les Assassins et les Templiers, se livrent une guerre ancestrale depuis la nuit des temps. Au fil des jeux et du lore très important, on apprend que presque toutes les figures connues de notre monde ont quelque chose à voir de près ou de loin avec l’une des deux factions. On apprendra notamment que la Seconde Guerre Mondiale n’était en fait qu’une diversion mise en place par les Templiers afin de pouvoir mettre la main sur certains fragments d’Eden, de puissants artefacts. Or n’importe qui sait que ces raisons ne sont que de la fiction et que la réalité est tout autre.

Alors pourquoi raconter une histoire qui peut paraître réelle, mais que tout le monde sait fausse ? Devons-nous être candides et crier au complot ?

Le but principal est de piquer notre curiosité, de nous forcer à nous poser des questions, d’envisager, le temps d’une session de jeu, l’Histoire sous un nouvel angle. Ce genre de jeux ajoute donc un nouveau niveau de lecture à leur contenu. Les premiers niveaux de lecture sont la trame principale ainsi que les différentes trames secondaires et les joueurs les plus assidus iront jusqu’à pousser au plus loin la complétion de leur jeu - la fameuse quête du 100%. Mais les jeux historiques embarquent une colossale charge d’information dont le but est de créer le contexte à leur histoire. Il m’est arrivé de passer des heures à arpenter des blogs une fois Assassin’s Creed 3 terminé, dans le but de poursuivre l’expérience du jeu. On peut d’ailleurs retrouver énormément d’informations sur la page Fandom du jeu, une sorte de Wikipédia qui relate les faits d’un point de vue interne à l’œuvre.


Un pas de plus vers les 100%...

Ce qui devient très intéressant avec cette manière de traiter l’Histoire, c’est que n’importe quel événement mineur comme celui décrit en introduction devient une opportunité pour rendre toute l’intrigue cohérente et filée. Ainsi, en nous donnant une version que l’on sait fausse, nous sommes poussés à aller chercher l’information afin de savoir comment se sont réellement déroulés les faits et donc d’en apprendre un peu plus sur une période historique donnée.

Dans un autre registre, certains jeux traitent l’Histoire telle qu’elle s’est déroulée, mais la racontent de façon plus romancée afin de proposer un contenu plus poignant et plus attractif. Les deux jeux auxquels je fais référence se basent sur la Première Guerre Mondiale. Bien que les documentaires sur cette période de l’Histoire soient très nombreux, ces derniers ont pour but de délivrer l’information vraie et factuelle, alors que les jeux ont le loisir d’incorporer des sentiments et des ressentis. De plus, en créant des visuels de toutes pièces, on peut offrir le contenu à un public plus large, qui pourra mieux digérer l’information offerte par un jeu que celle offerte par un documentaire.

C’est le pari qu’ont décidé de remplir Ubisoft et Digixart avec leur jeu, respectivement Soldats Inconnus : Mémoire de la Grande Guerre et 11-11 : Memories Retold. Ces deux jeux font appel à une charte graphique qui permet de rendre compte des événements, sans pour autant véhiculer des images d’horreur propres à la guerre. Ainsi, le joueur peut prendre la manette le cœur léger et se laisser guider au travers des histoires qu’on lui raconte.

11-11 Memories Retold (Gauche) & Soldats Inconnus : Mémoire de la Grande Guerre (Droite)

Leur fonctionnement est assez similaire, ils alternent phases de jeu et interludes factuelles relatant certains faits importants vis-à-vis des événements ou des personnages eux-mêmes. Différence notable avec la plupart des documentaires, en traitant un faible nombre de personnages, les jeux permettent au joueur de s’imprégner de l’histoire de l’un d’eux au sein de l’Histoire et de partager ses motivations, ses joies et ses peines.


Couverture du 1er tome de la série Time Riders

Les jeux qui réinventent l’Histoire

Parlons maintenant des jeux qui réinventent totalement l’Histoire. L’un des jeux les plus connus reste Wolfenstein qui, partant du postulat que l’Allemagne Nazie a remporté la Seconde Guerre Mondiale, dresse un portrait fictionnel de ce que serait notre monde aujourd’hui. Dans un registre un peu différent, une série de livres “Time Riders”, écrit par Alex Scarrow, nous plonge dans un monde où le voyage dans le temps a été découvert et est utilisé à mauvais escient par certains groupes de personnes. Une équipe est donc mise en place afin de vérifier que l’Histoire suive fidèlement son cours. Pour ce faire, cette équipe agit dans une boucle temporelle qui lui fait revivre les journées des 10 et 11 septembre 2001 en boucle dans le but de détecter l’arrivée d’une onde temporelle, signe qu’un événement majeur a été modifié dans le passé. C’est ainsi que l’on explore une réalité dans laquelle, ici aussi, l’Allemagne Nazie a remporté la Seconde Guerre Mondiale, une dans laquelle Abraham Lincoln a disparu sans pouvoir mettre fin à la guerre de sécession ou encore une dans laquelle l’Homme n’a jamais atteint l’ère moyenâgeuse.

Cette manière d’aborder l’Histoire permet de se demander “Que serait-on aujourd’hui si… ” et permet d’envisager les très nombreuses divergences qu’elle aurait pu emprunter. On se rend alors compte que l’Histoire que nous connaissons aujourd’hui est le fruit de nombreuses inventions, décisions et recherches, toutes bonnes ou mauvaises. Savoir que le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est parfois le fruit du hasard, d’heureuses ou de malheureuses circonstances donne un peu le vertige, mais ouvre aussi sur de très nombreuses possibilités d’histoires à raconter. De plus, l’Homme est de nature curieuse et aime aussi se faire un peu peur. Ainsi, grâce à ces histoires, on peut se plonger dans des mondes dystopiques, s’en imprégner, mais tout aussi bien stopper le voyage à n’importe quel moment en coupant la console ou en fermant le livre. C’est possiblement un bon moyen de se rendre compte que, malgré ses défauts, notre monde n’est pas si inhospitalier qu’il n’y paraît.

Il faut tout de même garder à l’esprit que l’histoire que l’on vous raconte vous est raconté par quelqu’un et donc que vous vous soumettez à sa vision des choses. Wolfenstein nous propose une Histoire dans laquelle le règne fasciste a perduré malgré la mort de Hitler. Mais pourquoi ce règne d'oppression n’aurait pas fait naître une opposition très forte qui aurait supprimé toute dictature sur la surface du globe et ainsi amené à un monde beaucoup plus libertaire que le nôtre ?

Enfin, les jeux qui réinventent ou réinterprètent l’Histoire, par rapport aux jeux de fiction pure, ont cette capacité d’impliquer le joueur, car la fiction à laquelle il est en train de jouer pourrait très bien être sa réalité. Êtes-vous, ou pas, consommateurs de ce genre de jeu ? Donnez-nous votre avis !

 
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LuckyiD
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Force Wielder. Animus Enthusiast. Movie Fan. Science Lover.