PEGI : quand les symboles ne disent pas tout

PEGI : quand les symboles ne disent pas tout

PEGI : quand les symboles ne disent pas tout

Dans un précédent article, Noëlie avait abordé la signalétique PEGI en la définissant, en expliquant les différents symboles et en parlant de la procédure à suivre afin de faire valider un jeu par les organismes dédiés. En complément de son article, nous allons ici nous intéresser plus précisément aux jeux et comment ils peuvent convenir à un certain public. Car les symboles sont parfois trop globaux et peuvent être interprétés trop directement.

On va particulièrement s’intéresser aux jeux qui peuvent être joués par des enfants ou des jeunes adolescents. C’est le public pour lequel l’encadrement est le plus important et où il est essentiel d’avoir un minimum de connaissance. Ainsi, les jeux qui vont être cités et conseillés ne dépassent que rarement le PEGI 12. Une petite partie sera tout de même consacrée aux jeux PEGI 16 et 18, afin d’éclaircir un peu leur place dans le paysage vidéoludique.

Âge et discernement

Petit âge ne veut pas dire facilement accessible

Certains jeux affichent des recommandations d’âge qui peuvent parfois ne pas être complètement représentatives de l’expérience de jeu. Un jeu peut tout à fait être PEGI 3 car il respecte la classification, mais il peut néanmoins ne pas être très accessible pour de jeunes enfants. La série de jeux FIFA en est un bon exemple. Ces jeux sont abordables certes, mais pas non plus destinés aux enfants en très bas âge. De plus, ce sont des jeux qui intègrent des fonctionnalités en ligne (et la dimension sociale qui va avec), des achats avec de l’argent réel ainsi que des mécaniques de jeux de hasard avec les loot boxes. Ces choses-là ne sont pas destinées à un trop jeune public, mais ne rentrent pas en compte dans la classification de l’âge. Elles sont représentées par des symboles additionnels, il est donc important de ne pas se fier qu’à l’âge recommandé, et d’effectuer aussi quelques recherches sur un jeu avant de l’acheter.

En somme, un jeu qui respecte toutes les conditions pour être PEGI 3 le sera, mais c’est parce qu’il est adapté à tous les âges, par rapport à son contenu, son absence de violence, de peur, de grossièreté, etc. Ainsi, vous y trouverez la plupart des jeux de sport et d’automobile (NBA 2K, Gran Turismo, Forza, Rocket League, Mario Kart, OlliOlli World), les jeux de société (Trivial Pursuit, Monopoly), les jeux de simulation (Farming Simulator, Flight Simulator, Train Simulator), certains jeux contemplatifs, bienveillant, de plateforme, de gestion, de construction ainsi que des jeux dit « bac à sable » (Animal Crossing, Ooblets, Summer in Mara, Super Mario Maker, Mario Golf : Super Rush, Omno, Pokémon Snap).


Ooblets

Cependant, certains d’entre eux peuvent intégrer certaines mécaniques difficilement abordables pour de jeunes enfants. La dimension économique et la liberté d’aménagement d’Animal Crossing : New Horizon requiert éventuellement l’aide d’un parent, d’un grand frère ou d’une grande sœur, qui sauront guider et aider au besoin. Flight Simulator peut être un excellent jeu pour se découvrir dès le plus jeune âge une passion envers l’aviation et l’aéronautique, mais c’est une véritable simulation, assez difficile d’accès au premier abord. Encore une fois, l’aide et l’accompagnement sont à privilégier. 

Quand un plus grand âge peut convenir à un plus petit

 La classification d’âge se fait en fonction du contenu global du jeu, des éléments présents intrinsèquement et de leur niveau d’accentuation : peur, grossièreté, combat, violence, sexe et insinuation sexuelle, présence de drogue… Pour un jeu PEGI 7, il y a peu de choses qui diffèrent d’un PEGI 3, à part que les formes de violences peuvent être moins enfantines tout en restant très modérées et plus ou moins cartoonisées. Les jeux peuvent aussi comporter des contenus pouvant susciter de la peur chez un très jeune public. Ainsi, de nombreux jeux PEGI 7 peuvent être accessibles à un public un peu plus jeune, à condition d’être encadré et de connaître les limites et les états d’esprit de son enfant. Il peut être tout à fait possible de jouer à TemTem, Luigi’s Mansion, Pokémon, Minecraft, Journey, Abzû, Dragon Quest Builders, les jeux Lego, The Legend of Zelda: The Wind Waker, Ratchet & Clank, et Crash Bandicoot par exemple.

Les jeux PEGI 12 peuvent également s’inscrire dans cette situation d’y jouer un peu plus tôt que l’âge recommandé, car ils restent encore loin d’une représentation réaliste et parfois assez crue de la réalité. Il est assurément nécessaire de se renseigner un peu plus en amont par rapport à la représentation de la violence, au langage qui peut être légèrement grossier, à la présence de notion de casino et de jeux de hasard ainsi qu'à des insinuations ou des postures de type sexuelles. Des jeux comme The Legend of Zelda: Breath of the Wild, les jeux Monster Hunter et Trine, Xenoblade Chronicles, Dragon Quest XI, Stardew Valley, Eastward, Kena: Bridge of Spirits ou Les Sims 4 peuvent être parfaitement accessibles. C’est bien d’accompagner son enfant, encore une fois, que cela soit pendant la partie ou en dehors, il ne faut pas hésiter à en parler ensemble, à ce qu’il y a fait, ce qu’il y a vu, ce qu’il a aimé ou non, ses difficultés et exploits…


Dragon Quest XI : Echoes of an Elusive Age

PEGI 16 & PEGI 18, c’est possible d’y jouer avant d’être en âge ?

Ce serait mentir de dire qu’il est indispensable de se fier aux symboles d’âge. Qui n’a jamais posé les mains sur un GTA, un Call of Duty ou un Assassin’s Creed avant la majorité ? Le tout est de savoir où l’on met les pieds et d’être sain d’esprit. Ce n’est pas interdit et impossible de jouer à un jeu déconseillé au moins de 16 et 18 ans, à 14 ans. Il faut seulement bien avoir conscience que c’est de la fiction, une fiction qui peut avoir une certaine appartenance au réel et où il est ainsi normal qu’elle soit destinée à un public plus âgé. Cela dépend aussi de la maturité, de l’entourage, du contexte social et familial du joueur ou de la joueuse, beaucoup de choses entrent en compte. Au cinéma, ces notions de violence, de langage grossier, de sexe, de drogue et de peur sont présentes dans un très grand nombre de films facilement accessibles. S’il y a une limite d’âge, elle est en général de 12 ans comme pour Le Loup de Wall Street, Joker ou Seven. Des films comme 28 Jours plus tard et Apocalypse Now sont quant à eux tout public alors que la série Band of Brothers signale l’accord parental. Alors certes, le contexte d’aujourd’hui n’est pas le même qu’à l’époque, et il est peut-être préférable de limiter l’accès à la violence à un âge trop jeune, mais en parallèle, on retrouve de la violence dans beaucoup de médias accessibles par un jeune public, et la guerre et son spectre sont plus que présents dans notre monde, passé comme présent. Les jeux vidéo ne rendent pas violent, la réalité du monde oui.

Au-delà des symboles

Énervement, toxicité, argent, dépendance… il n’y a pas toujours de symboles pour avertir de ces tendances-là. Ce sont des comportements qui peuvent survenir par rapport à ce qu’un jeu propose : dans son contenu, dans ses modes de jeu, par rapport à sa communauté et dans la gestion des achats avec de l’argent réel. Les jeux les plus concernés par ces sujets-là sont les jeux en ligne, et ceux qui sont gratuits en particulier. Ils sont très faciles d’accès, se déclinent sur de nombreuses plateformes, incluant même les smartphones, et sont ainsi très joués par un jeune voire très jeune public.

Alors que la dépendance peut survenir sur tout type de jeu et que l’énervement est possible sur des jeux solos comme multijoueur (local et en ligne), la toxicité et la dépense d’argent sont plus inhérentes aux jeux en ligne. À partir du moment où nous sommes confrontés à d’autres personnes réelles, qu’elles soient coéquipières ou adversaires, on bascule dans une dimension sociale ou l’anonymat fait loi. Aucun symbole officiel n’existe pour indiquer qu’un jeu peut vous détruire le moral lorsque vous lancerez une partie avec des inconnus, que vous risquez de vous faire insulter et mépriser si vous ne jouez pas parfaitement. Peu de moyens informent sur ces possibles risques et la seule chose à faire pour le moment est de se renseigner sur ces jeux en ligne, sur leur communauté et sur les actions mises en place par les studios de développement pour pallier la toxicité. Pour ne pas risquer d’être confronté à ce genre de situation, la meilleure solution est de jouer avec des personnes que l’on connait, des amis, des proches, de la famille, que ça soit en jeu ou bien accompagné pendant la partie. Dans ce sens, il existe aussi des plateformes favorisant l’éthique, l’entraide et la bienveillance, à l’image de Gaming Squad en France.

Pour la question de l’argent, le dernier symbole en date introduit par le système PEGI est celui des achats intégrés, qui informe sur la possibilité de dépenser de l’argent réel à l’intérieur d’un jeu. Ce qu’il n’indique pas cependant, c’est que de nombreux jeux free-to-play (accessible gratuitement) basent tout leur système économique sur ce qui est appelé les micro-transactions (les achats en jeu). C’est-à-dire que le jeu va inviter à la dépense, grâce à des menus mettant en avant des produits, en faisant des périodes promotionnelles, en dévoilant des cosmétiques achetables pendant une durée limitée… La dimension sociale joue aussi un rôle important dans cette histoire avec la question de l’apparence et du paraître, comme avoir un nouveau skin (revêtement et apparence d’un personnage, d’un objet, d’une arme…) afin de susciter de l’intérêt auprès des autres par exemple. Ces achats peuvent rester du simple plaisir évidemment et ne pas être abusifs, mais pour un enfant qui n’a pas encore la valeur de l’argent, ça peut aller très vite et les sommes peuvent parfois être très conséquentes, pour des cosmétiques virtuels rappelez-vous.


Page d’accueil de la boutique sur League of Legends. Tout se débloque avec de la monnaie virtuelle, achetable seulement avec de l’argent réel. On y voit un panneau événementiel, des promotions à durée limitée et des offres partenaires. 

Une autre manière d’inciter à la dépense est l’apparition de loot boxes depuis plusieurs années : un système de jeu vous faisant ouvrir un « coffre » sans savoir précisément ce qu’il contiendra. Ils sont déblocables en jouant simplement, mais aussi en les payant. Il peut exister des « coffres » de différents niveaux avec plus de chance ou d’assurance de contenir certains types d’objets, plus ou moins rares. Toute cette mécanique repose sur la chance et le hasard. Et comme au casino, la tentation peut être très grande de vouloir retenter sa chance avec un nouveau « coffre », au prix de quelques euros, encore et encore. Ce n’est pas pour rien que la loi stipule qu’ils sont interdits aux mineurs. En 2018, la Belgique a fait un premier pas dans la régulation des loot boxes en les interdisant tout simplement dans leur pays.


Une ouverture de loot boxe dans Overwatch

Renseignement et accompagnement sont les maîtres-mots

On pourrait avoir l’impression que c’est toute une démarche de jouer aux jeux vidéo avec des enfants, qu’il faut faire attention à beaucoup de choses et être présent afin de surveiller un certain nombre d'éléments. Eh bien, c’est comme pour n’importe quelle action de la vie de tous les jours finalement. C’est vrai qu’il est plus facile d’être au fait de tous ces sujets lorsqu’on est également joueur ou joueuse, tout cela paraît plus évident et moins prise de tête. Les jeux vidéo sont un loisir comme un autre, offrant une multitude de possibilités, et il serait dommage qu’ils deviennent une source de conflit dû à une incompréhension envers eux. Comme vous l’aurez surement compris, la meilleure chose à faire est de prendre le temps de se renseigner sur les jeux auxquels peut jouer son enfant, aussi bien avant un achat qu’après. Aussi, il ne faut pas voir le mal et l’excès partout, si les sujets de la toxicité et de l’argent peuvent faire peur au premier abord, ils peuvent être appréhendés, régulés et maîtrisés. L’impact d’un jeu vidéo sur notre personne dépend de ce que nous en faisons, si nous le comprenons, nous l’aimerons. 


Source :

https://pegi.info/
https://www.jeuxvideo.com/news/1013133/billet-loot-boxes-le-monde-doit-prendre-exemple-sur-la-belgique-et-vite.htm

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Ylonith
Ylonith

Voyageur de mondes virtuels, passé par Midgar, Skellige et les terres d’Azeroth. Admirateur de jeux enchanteurs, et explorateur du multivers vidéoludique.